Broderie tissus indiennes - Musées et Patrimoine - Première partie
Les sources d'inspiration de la broderie
Il y a longtemps que je souhaitais créer une belle grille sur ce thème, sachant que j’ai toujours aimé interpréter les tissus au point de croix.
Ce qui acheva de me décider à consacrer une grille aux indiennes fut une visite, en juillet 2023,
des petits appartements de la reine Marie Antoinette au château de Versailles.
La restauration récente de ce que l’on appelle aussi les « cabinets intérieurs » de la reine,
permet de découvrir des tissus exceptionnels dont un en particulier :
l’Ananas de la reine, qui décore la salle à manger privée.
Comme j’aime le faire depuis que j’ai créé cette collection Musées et Patrimoine,
vous verrez que cette grille comporte des clins d’œil à celles imaginées avant elle,
comme les Coquecigrues, qui se retrouvent dans la Toile de Jouy
ou bien encore l’indienne de l’empereur Napoléon présente dans la grille consacrée à Napoléon et Joséphine.
Bon voyage à travers ces merveilleux tissus colorés plein de gaieté et toujours aussi actuels.

La grille comporte 345 points de côté ce qui, brodé sur 2 fils de trame sur un lin 12 fils au cm, donne un ouvrage terminé de 57,5 x 57,5 cm.
Afin de vous laisser la marge suffisante pour les finitions,
je vous conseille de choisir un coupon de 70 x 70 cm.
Le titre de la broderie

j’ai choisi d’utiliser la plupart d’entre eux pour ces grandes lettres à rayures, qui créent une sorte de lien entre toutes les indiennes.
Le blason de la Compagnie française des Indes

Son siège fut d’abord au Havre puis au port nouvellement créé de L’Orient (devenu par la suite Lorient). Parmi les enjeux commerciaux, les cotonnades indiennes ont une part très importante. On estime qu’une dizaine de vaisseaux arrivaient chaque année à Lorient en provenance de Pondichéry et de Calcutta.
Parallèlement, Colbert se rapproche de la communauté arménienne de Marseille, qui a des liens avec l’Orient. Il accorde le statut de port franc à Marseille et demande aux Arméniens d’initier les Français à la technique de l’indiennage.
Après la mort de Colbert (1683), son successeur, Louvois, entend s’opposer au succès des indiennes, répondant en cela aux griefs des producteurs de textiles français, très remontés contre une concurrence jugée déloyale. En 1686, l’interdiction de vendre, de porter et même de copier les tissus colorés indiens est prononcée. Elle durera jusqu’en 1759 mais sera largement contournée par une contrebande éhontée, alimentée, entre autres, par les marins de la Compagnie des Indes !
(je fleurirai partout où je serai porté).
Ici, une version en bois polychrome se trouvant au Musée de la Compagnie des Indes, à Lorient.

un passionnant article détaillé sur l'histoire des indiennes, ce que l'on a appelé "L'affaire des toiles peintes".
Les tissus indiennes représentés dans la broderie
L'indienne Ananas de la reine au château de Versailles
L’original de ce tissu, connu sous le nom de Toile au Grand Ananas, avait été imprimé par la Manufacture Oberkampf à Jouy.
La version tendue lors de la restauration des appartements a été réalisée par la Maison Pierre Frey.
Fruit exotique très prisé par la Cour et par la reine, qui en fit accrocher un « portrait » peint par Jean-Baptiste Oudry dans son cabinet doré.
par la Maison Pierre Frey.


Pour son interprétation au point de croix, je l’ai beaucoup réduit, de manière à obtenir une répétition séduisante à broder. Nous avons édité ce motif de broderie en tissu.
Ce fruit, découvert par les Européens lors de la conquête espagnole du Nouveau Monde, fut cultivé dans les jardins royaux dès la fin du XVIIe siècle.

L'indienne Fleurs Orientales
ce qui n’étaient pas le cas des épais draps de laine, des soies fragiles ou des lourds brocards de velours.

Sur un autre fond, vous le trouverez aussi dans la grande grille que nous avons consacrée à la toile de Jouy et aux indiennes produites à Jouy-en-Josas, près de Versailles.
Il est conservé à la National Gallery, à Londres.

L'indienne de Napoléon
Il est possible qu’elle fût imprimée par la manufacture Oberkampf à Jouy.
Ce motif figure également dans la grande grille que nous avons consacrée à Napoléon et Joséphine et nous l’avons édité en tissu.


vous pourrez lire un article sur la fabrication des indiennes, en Inde et en Europe.
La bordure de la broderie

Comme c’est souvent le cas pour les belles indiennes imprimées en France au XVIIIe siècle, le motif principal était accompagné d’une ou plusieurs bordures.
Une à grande échelle était utilisée pour les tentures, de part et d’autre des murs, comme vous pouvez le voir sur la photo du boudoir de la reine ci-dessus.
Une autre à plus petit motifs servait à la confection des rideaux, les coussins ou les accoudoirs des bergères, les écrans de cheminée, etc.
Le motif de la bordure de la broderie est une interprétation de celle de l’ananas de la reine.
Faites attention lorsque vous broderez les angles, ils sont tous différents :
nous avons respecté le principe des bandes de tissu droites qui étaient repliées pour former les angles, comme le font les tapissiers d’ameublement.
vous pourrez découvrir l'origine des noms donnés aux indiennes : kalencars, toiles peintes, calico,
chintz, palampores, baffetas, casses, garas, guinées, salampouries, percaline…
qui imprima les toiles de Jouy mais aussi beaucoup d'indiennes.