Tissu indienne au mètre fond mauve n°73
Prix
18,33 €
Ici, nos tissus indiennes sont vendus au mètre. Ils sont aussi disponibles en coupons.
Les tissus de coton imprimés sont de nos jours un produit courant. Mais vous doutiez-vous que ces cotonnades imprimées ont donné lieu à des batailles féroces qui, somme toute, sont assez récentes. Longtemps, l’Europe a ignoré comment tisser des tissus à armure de coton et a ignoré le processus de fixation des coloris après impression. Il faut attendre le début du 18ème siècle pour que des manufactures rouennaises parviennent à tisser des armures de coton de qualité. Les Indiens, en revanche savaient tisser des tissus de coton en grande quantité depuis plusieurs siècles et savaient aussi les peindre et les imprimer et fixer les coloris.
Découvrez ci-dessous l'incroyable histoire de ces tissus indiennes de coton qui déchaînèrent les passions.
Le prix indiqué des indiennes est le prix au mètre, en 110 cm de large.
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Les premières indiennes furent rapportées en Europe par les navigateurs portugais. Puis ce furent les différentes Compagnie des Indes Orientales fondées en Angleterre (1600), en Hollande (1602), au Danemark (1612) et en Suède (1631) qui les firent découvrir à l’Europe entière. La France, empêtrée et affaiblie dans ses guerres de religion, suivra le mouvement plus tard avec la Compagnie des Indes fondée par Colbert en 1664. La même année, la première cargaison d’indienne parvient au port de Marseille, où les tissus indiens furent vite imités par des ateliers marseillais sans toutefois en atteindre ni la qualité ni la finesse.
Le succès des indiennes fut fulgurant : les tissus de coton était quelque chose de nouveau et leurs décors colorés de fleurs inconnues en Europe, d’oiseaux exotiques ou de symboles de la religion hindoue paraissaient plein de charme, voire parés d’un peu de mystère.
Avec la demande grandissante des Européens, des instructions seront envoyés aux comptoirs indiens pour produire des tissus correspondant aux goûts des Européens.
Pourquoi dit-on indienne et non pas tissu indien ? En fait le mot « indienne » est l’abrégé de « toile indienne ». Le mot « toile » faisant référence à la façon dont est fabriqué le tissu : une armure très simple dont le fil de trame passe alternativement sous le fil de chaîne et réciproquement. Cette armure, ou façon dont se croisent les fils, est appelé « armure toile ». Il existe aussi l’armure satin et l’armure sergé. À partir de ces trois armures et leurs combinaisons sont fabriqués tous les tissus. On comprend donc que le mot « toile » est plus précis que celui de tissu.
Les toiles indiennes ont donné les mots « indiennage », impression des toiles indiennes, et « indienneur », fabricant de toiles indiennes. Dans le vocabulaire du 17ème siècle, le terme d’indienne désigne aussi bien les indiennes venant d’Inde et des pays du Levant que les imitations qui en sont faites en Europe. Et même plus, car le mot indienne désigne aussi les vêtements taillés dans ce tissu : principalement des robes et des robes de chambre, c’est-à-dire des robes que l’on portait chez soi.
Les indiennes étaient aussi qualifiées de « toiles peintes », certains coloris étant effectivement peint à la main sur la toile. Les Portugais, qui furent les premiers à rapporter ces toiles en Europe leur avait donné le nom de « pintados » (peintes).
On faisait aussi parfois la différence entre les indiennes venues d’Inde et celles importées de Perse, qu’on dénommaient alors…perses.
Dans les documents historiques, les indiennes font référence à une technique de fabrication spécifique : les kalencars ou calencas, étaient des toiles peintes avec une sorte de calame. Les palampores, venant de la côte de Coromandel, étaient de grandes toiles peintes pour faire des couvre-lits (du hindi palang, lit et du person push, couvrir).
D’autres noms se rapportaient à la qualité du coton : baffetas, casses, garas, guinées, salampouries, jusqu’à la percale dont le nom est d’origine indienne, « pargala » désignant une toile très fine. On disait aussi parfois de la percaline.
Voir l'article sur la fabrication des indiennes.
Mais le succès croissant des tissus indiens ne fut pas sans embûches. C’est que l’on a appelé « l’affaire des toiles peintes ».
Au 17ème siècle, il existe en France de nombreuses manufactures de toutes tailles produisant des tissus de laine, des toiles de lin et de chanvre et des étoffes de soie. Ce sont des activités répandues sur tout le territoire et dotées de puissantes corporations, notamment dans la région de Lyon avec les soyeux et dans celle de Rouen avec les toiliers. Ces corporations jugent cette nouvelle concurrence déloyale et s’indignent des quantités faramineuses qui s’écoulent, tant de tissus importés des Indes que des imitations qui en sont faites par des manufacturiers français. Cette activité nouvelle de « l’indiennage » n’étant de plus pas réglementée comme les productions d’autres étoffes traditionnelles.
Le 26 octobre 1686, sous la pression des corporations, Claude Le Pelletier, successeur de Colbert, fait prendre un arrêt par le Conseil d’État du roi pour une prohibition concernant l’introduction en France des toiles de coton peintes aux Indes, et la fabrication dans le pays à leur imitation. Cet édit précise aussi que l’importation des tissus indiens entraîne une fuite de capitaux qui ne sont pas réinvestis en France comme ils pourraient l’être avec l’achat d’étoffes produites sur le territoire.
À ce contexte, il faut ajouter la Révocation de l’Édit de Nantes, lequel en 1598, avait mis fin aux guerres de religion qui ravageaient le royaume depuis près de quatre décennies. En mettant fin à cet accord, le 18 octobre 1685, Louis XIV signifiait que la seule religion autorisée en France était la religion catholique. Or, nombre d’indennieurs étaient des familles protestantes, qui pouvaient exercer librement une profession non réglementée. Certains historiens pensent que la prohibition des indiennes fut aussi un prétexte pour masquer les effets (imprévus ?) de la révocation de L’Édit de Nantes : l’hémorragie de savoir-faire causée par le départ des Protestants partis s’installer en Allemagne, en Suisse, en Angleterre et même jusqu’au Portugal pour exercer librement leur activité.
Soutenue par la multiplication d’arrêt et d’édits, cette prohibition des indiennes, levée en 1759, dura, sur le plan strictement juridique, 73 ans. Dans les faits, c’est une autre histoire…
En dépit de la prohibition, la mode des indiennes n’ira qu’en s’accentuant. Les dames de la cour arborent ouvertement leurs toilettes en indienne aux Tuileries et même les épouses des intendants chargés de faire respecter le règlement bravent l’interdit. Jusqu’à la marquise de Pompadour, qui décora son château de Bellevue d’indiennes de contrebande…
Pour se procurer les tissus interdits, deux sources d’approvisionnement étaient possibles : les ateliers d’impression clandestins et la contrebande. En dépit de lourdes amendes, voire de peine de prison, des ateliers clandestins parisiens, sûrs d’importants profits, ne manquèrent ni d’ingéniosité, ni d’audace pour braver les contrôles. Plusieurs s’installèrent dans des « clos » privilégiés échappant au contrôle, tel le Clos Payen, traversé par la Bièvre, qui n’avait pas encore été recouverte.
Quelques aristocrates pouvaient aussi, par dérogation spéciale, imprimer des indiennes pour leurs besoins personnels, tel le duc de Bourbon, qui possédait une petite fabrique d’indienne à Chantilly.
Mais c’est par la contrebande qu’arrivaient le plus grand nombre d’indiennes. Contrebande alimentée, ironie de l’histoire, par les fabriques créées par les Protestants ayant quitté la France ! De véritables bandes armées s’étaient organisées pour acheminer les ballots d’indiennes aux frontières de la Loraine, du Dauphiné, de la Franche-Comté.
Sans compter les incessantes dérogations accordées à la Compagnie des Indes, appartenant à l’État (!) qui tirait grand profit des toiles rapportées des Indes dans ses vaisseaux. Soutenue par John Law, la Nouvelles Compagnie des Indes, créée en 1719, est autorisée à importer tous les tissus prohibés pour le commerce de réexportation. Les ports de Nantes et de Lorient étaient autorisés à stocker les indiennes en principe destinées à l’étranger. Il va sans dire que nombre de bateaux à peine avaient-ils pris le large qu’ils accostaient clandestinement sur les côtes françaises.
Le port de Marseille joua aussi un très grand rôle dans l’importation clandestine des tissus indiens. En 1720, le navire Le Grand Saint Antoine débarqua des étoffes prohibées clandestinement, donc non soumises à l’habituelle quarantaine. Les étoffes, hélas contaminées, furent à l’origine de l’épidémie de peste qui fera 50 000 morts en Provence et en Languedoc.
Pour éviter que se reproduise un tel désastre, l’importation des étoffes venant des Indes, de Chine et du Levant sera à nouveau autorisée. Face à la persistance de la mode des indiennes et devant les méfaits de la prohibition, le pouvoir n’a plus d’autre choix que de lever l’interdiction.
Le 5 septembre 1759, enfin ! un arrêt accorde la liberté d’imprimer les tissus de coton. Cet arrêt est complété par une taxe sur les importations d’indiennes provenant de l’étranger.
Suite à la libéralisation, de nombreuses indienneries s’installent en France : en Normandie, en Picardie, à Montbéliard, à Mulhouse, en Provence, en Languedoc, en Champagne, en Franche-Comté, en Bourgogne, en Bretagne, dans les Pays de Loire, dans le Centre et même à… Paris !
Parmi ces régions, certaines se spécialisent dans un genre nouveau : les toiles à personnages, qui ne sont autres que ce que l’on appelle aujourd’hui les toiles de Jouy. Ces productions sont le plus souvent de très grande qualité et ont participé à la renommée de Nantes, de Mulhouse de Beautiran (près de Bordeaux) et, bien sûr, de Jouy-en-Josas.
Dès 1860, soit quelques mois après la levée de l’interdiction d’imprimer des indiennes, Christophe Philippe Oberkampf louait avec ses trois associés une propriété à Jouy-en-Josas pour y installer sa manufacture.
La Maison Sajou a consacré une série de kits et de grilles de point de croix aux tissus produits par la manufacture Oberkampf, toiles de Jouy, tissus pour l’habillement appelés mignonnettes, les motifs floraux appelés Bonnes Herbes et, bien sûr, les indiennes.
Voir la fabrication des toiles de Jouy et des indiennes dans Les Carnets de Madame Sajou.
Voir en vidéo l'histoire des indiennes et des toiles de Jouy.
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