Ruban sergé 20 mm toile de Jouy rose
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3,75 €
Comme la plupart des étoffes, du temps où la France était couverte de manufactures, la toile de Jouy prit le nom de la commune sur laquelle elle était produite, soit à Jouy, près de Versailles. Cependant ces toiles à motifs pastoraux ou historiques furent produites dans bien d’autres villes : on en trouvait à Rouen et dans de nombreuses villes de Normandie, à Nantes, à Angers, en Alsace, à Marseille, à Orange, mais aussi en Italie, en Grande-Bretagne, au Portugal…
Le nom de toile de Jouy s’est élargi pour définir un style d’impression et est devenu un nom générique pour désigner ces motifs si particuliers qui sont de véritables imagiers sur étoffe. Les collectionneurs et les passionnés disent d’ailleurs, toiles de Jouy de Normandie, ou toile de Jouy d’Alsace pour indiquer le lieu de fabrication d’une toile ancienne.
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Dans son acception actuelle, la toile de Jouy désigne des toiles dites à personnages, c’est-à-dire imprimés de personnages évoluant dans des décors champêtres ou historiques. On réserve le terme d’indienne aux motifs fleuris. Les deux termes sont parfois un peu confondus car on a longtemps appelé les manufacturiers produisant des cotonnades imprimées les « indennieurs ».
Des toiles de Jouy, on peut aussi dire que ce sont des toiles historiées, car racontant des histoires. La toile de Jouy historique est une toile de coton imprimée dans des tons monochromes, les plus connus sont le rouge le bordeaux, mais on trouvait aussi des bleus, des marrons, des verts bronze, des gris, des violets.
L’Europe a découvert les toiles peintes, comme on les désignait alors, au milieu du 17ème siècle par l’intermédiaire des grandes compagnies de navigation qui les rapportaient des Indes. En effet, on Europe on ne savait pas produire les toiles de coton en quantité et encore moins les teindre de manière stable. Le succès de ces tissus fleuris, légers et lavables, fut si fulgurant qu’il fut considéré comme une concurrence déloyale vis-à-vis des fabricants d’étoffes et de draps.
Les indiennes (car venues d’Inde) et toutes les toiles peintes quelles qu’elles soient furent interdites d’importation et de fabrication en 1686. Après bien des épisodes mouvementés, l’interdiction fut levée en 1759.
Dès 1760, Christophe Oberkampf créait sa manufacture à Jouy.
Ces motifs mettant en scène des personnages dans des décors plus ou moins sophistiqués, racontent des histoires et trouvent leur inspiration dans les arts décoratifs ou les évènements historiques de leur temps.
Il s’agissait alors de séduire une clientèle en majorité bourgeoise dont les goûts évoluaient en fonction des modes, des tendances et de l’actualité. Pour une manufacture de toiles de Jouy, la création d’un motif et son impression représentait un investissement important, il était donc important de choisir des sujets qui rencontreraient du succès auprès d’une clientèle la plus vaste possible.
C’est ainsi que les dessinateurs des manufactures de toiles de Jouy, trouvaient le plus souvent leur inspiration par le biais de gravures évoquant un roman ou un opéra à la mode, un fait d’actualité marquant, une tendance pour le retour à la nature, etc. Ils adaptaient, réinterprétaient et enjolivaient les dessins pour les adapter aux dimensions des plaques de cuivre alors utilisées pour imprimer ces toiles historiées.
Si on prend la peine de resituer le contexte de l’époque à laquelle ils furent imprimés, on se rend vite compte que les motifs des toiles de Jouy correspondent toujours à un succès littéraire ou musical, à une tendance, comme celle du retour à la nature pour les scènes pastorales, à une mode, comme le goût pour l’Orient, ou encore aux scènes bibliques les plus connues.
On peut dire que les toiles de Jouy sont les bandes dessinées de leur époque.
Les romans, les livrets d’opéra, mais aussi les ballets classiques ont été une source d’inspiration pour nombre de motifs de toiles de Jouy. Un des motifs de toile de Jouy les plus connus est sans conteste Paul et Virginie, inspiré par le roman de Bernardin de Saint-Pierre paru en 1789 et illustré par des gravures de Moreau Le Jeune et de Joseph Vernet. Les aventures des deux personnages se déroulent dans un décor très exotique de palmiers symbolisant l’Ile de France (actuelle Ile Maurice).
Atala, le roman de Chateaubriand paru en 1801 fut aussi l’objet d’une toile de Jouy imprimée par plusieurs manufactures. Citons aussi Le mariage de Figaro, inspirée par la pièce de Beaumarchais. La vogue des recueils de poésie de Walter Scott (1771-1882) et l’engouement pour l’Écosse qu’ils suscitèrent, sont à l’origine d’un opéra de Rossini et de deux toiles de Jouy, La Dame du Lac et l’Antiquaire.
L’illustration des Fables de La Fontaine par le grand peintre animalier Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) ou encore par Gustave Doré (1832-1883) seront aussi des sources d’inspiration sans fin pour des toiles imprimées. On trouve aussi des épisodes de Robinson Crusoé, ou encore de Don Quichotte…
On peut aisément imaginer que les clients de ce type de toiles historiées n’étaient pas peu fiers d’afficher dans la décoration de leur intérieur, leurs connaissances et leurs goûts littéraires pour des ouvrages qu’ils possédaient sûrement dans leur bibliothèque…
Autre thème de prédilection des toiles de Jouy, les sujets historiques. Il peut s’agir de sujets d’histoire alors contemporaine, la guerre de Crimée, la fête de la Fédération, les scènes évoquant différentes époques de la vie de Napoléon sont légion.
On trouve aussi traitées sur des tissus, la guerre d’indépendance grecque (1821-1829), ou encore de multiples évocations de l’Indépendance des États-Unis (1776). Deux toiles de Jouy sur ce thème sont très célèbres, La Liberté Américaine et l’Hommage de l’Amérique à la France, toutes deux imprimées par la manufacture Oberkampf à Jouy.
La glorification de personnages historiques n’est pas en reste : Jeanne d’Arc, bien sûr, les exploits amoureux ou les célèbres parties de chasse d’Henri IV, tout comme les nombreuses toiles de Jouy consacrées aux sujets mythologiques.
On peut penser que certains des acheteurs de ces toiles de Jouy étaient fiers d’afficher leurs opinions politiques sur les rideaux et les murs de leurs maisons, et il faut croire que de coucher dans un lit à baldaquin exhalant les vertus d’exemplarité des héros nationaux leur faisaient faire de doux rêves.
Des événements paraissant extraordinaires ont aussi, toujours par le biais de gravures, été imprimés sur des toiles de Jouy : la célèbre toile Le Ballon de Gonesse, raconte en fait deux évènements. Le premier est l’ascension, le 27 août 1793, du ballon des frères Robert qui, parti du Champ de Mars, fini par s’écraser à Gonesse. Les habitants terrifiés, le détruisirent. Le second est, le 1er décembre de la même année, le voyage, réussi cette fois, du ballon parti des Tuileries et posé sans encombre dans la vallée de Nesle. Ironie de l’histoire, la toile de Jouy porte le nom du vol qui fut un échec et non celui qui fut un succès…
Une autre toile de Jouy évoque le voyage de la girafe, prénommée par la suite Zarafa, venue du Soudan et qui, sous bonne escorte, fera le voyage à pied de Marseille jusqu’au Jardin des Plates de Paris, entre le 20 mai et le 30 juin 1827. C’était un cadeau du vice-roi d’Égypte, Méhémet Ali, au roi Charles X de France. Zafara fut la première girafe jamais vue en France.
Les scènes de genre sont ces peintures ou gravures qui, par réaction aux grandes peintures historiques, évoquent des scènes de la vie quotidienne prises sur le vif. L’ambiance y est presque toujours, sinon festive, du moins empreinte de gaieté.
Au 18ème siècle, la bourgeoisie se passionne pour les divertissements champêtres et le retour à la nature, suivant les préceptes de Jean-Jacques Rousseau. Les toiles de Jouy imprimées de scènes de genre sont les plus courantes, avec force bergers et bergères évoluant dans une nature idéalisée, activités villageoises, travaux des champs, chasses à courre, mariages champêtres et autres idylles campagnardes. On peut citer des toiles connues comme Occupations Villageoises, Le Retour des Champs, Le retour de la Chasse, Les Costumes Normands, l’Oiseleur ou encore Les Occupations de la Ferme.
C’est ce type de toiles Jouy que propose la Maison Sajou avec ses Plaisirs de la Campagne, l’Abreuvoir (parfois aussi dénommée La Fête Flamande) ou encore l’Offrande à l’Amour.
Le mariage à la campagne est un thème récurrent dans les toiles de Jouy et on peut imaginer que certaines ornaient le lit des jeunes époux : entre différentes versions de La Noce Au Village, Le Mariage Campagnard, La Noce du Soldat ou encore le Mariage bourgeois, qui évoque toutes les scènes allant de la demande en mariage au lendemain des noces, le choix était vaste. Jusqu’à l’amusante toile Deux jours de mariage, deux ans de mariage, où l’on constate que l’empressement des époux a bien changé…
L’Orient en général et la Chine en particulier ont beaucoup influencé les arts décoratifs, et les toiles pour l’ameublement ne font pas exception. C’est grâce à toutes les importations des différentes Compagnie des Indes, que le public a pris goût à la découverte d’animaux et de luxuriants végétaux jusque-là inconnus. Ce qui explique aussi l’engouement pour les indiennes, déjà évoquées plus haut.
Entre des toiles de Jouy arborant des intérieurs de palais orientaux, les pagodes dans des jardins orientaux ou une étonnante toile Les Chinois, qui met en scène toutes sortes d’habitats, de personnages en costumes et même de splendides uniformes militaires, on pouvait rêver.
Les amateurs de toiles de Jouy qualifient souvent ce type de sujets de « Chinoiseries ».
Au 18ème siècle, le papier peint copie le textile et ils sont parfois utilisés en coordonnés. Les murs sont recouverts de papier peint, moins onéreux que les étoffes, tandis que les rideaux et le mobilier sont recouverts de tissu. Elisabeth Vigée Lebrun, la célèbre portraitiste de Marie Antoinette sa chambre « était tendue de papier peint pareil à la toile de Jouy des rideaux de mon lit ».
L’équivalent de Christophe Philippe Oberkampf pour le papier peint est Jean-Baptiste Réveillon, qui était installé rue du Faubourg Saint-Antoine. Peu à peu, la maison Réveillon s’inspirera des techniques des indienneurs, délaissant cette des dominotiers, nom que l’on donnait alors aux faiseurs de papiers peints. Une des spécialistes de la toile de Jouy, Josette Brédif, a recensé 85 motifs identiques entre Réveillon et la manufacture Oberkampf.
À quelques exceptions près, les toiles de Jouy imprimées de nos jours sont revisitées. Ne serait-ce que parce que leurs motifs sont souvent réduits par rapport aux dessins originaux. Destinées à l’ameublement, aux murs, aux rideaux, les dessins d’origine étaient de très grande taille. De tels motifs ne conviendraient pas aux usages tel que l’habillement et les petits travaux de couture et de décoration pour lesquels nous aimons désormais les utiliser.
Certains éditeurs de toiles de Jouy contemporaines en ont même radicalement modifié l’aspect en instituant des fonds de couleurs vives comme le jaune, le rouge, le vert voire des roses et des violets.
Les toiles de Jouy modernes sont aussi différentes des toiles de Jouy d’origine, car elles ne sont plus fabriquées avec les mêmes contraintes techniques qu’auparavant.
La Maison Sajou a même eu l’audace de revisiter une toile de Jouy très classique, en l’imprimant en miniature, en rouge et en bleu.
Parmi les manufactures de toiles de Jouy les plus célèbres, celle de Christophe Philippe Oberkampf. Il est coutume de dire qu’elle fut la plus célèbre d’Europe. Il faut dire que sa proximité avec la cour de Versailles y contribua sans doute. Plus tard, en 1806, Oberkampf eut même la visite en personne de Napoléon qui lui remit la légion d’honneur.
Lire l'article sur l'histoire de la Manufacture Oberkampf.
Frédérique Crestin-Billet, Madame Sajou, a créé une superbe grille de point de croix évoquant toutes les productions de la Manufacture Oberkampf à Jouy. Différentes étapes de la fabrication de la toile de Jouy y sont évoquées ainsi que tous les motifs imprimés par la manufacture autres que les toiles à personnages, les mignonnettes, les bonnes herbes, motifs fleuris à fond dits charbonniers et, bien sûr, les indiennes.
Voir toutes les grilles de point de croix Toile de Jouy.
Voir tous les détails de la grande grille toile de Jouy Collection Musées et Patrimoine.
Voir la vidéo de présentation de la toile de Jouy au point de croix :
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