Les kits et les grilles de point de croix Toile de Jouy et manufacture Oberkampf
Kits de point de croix inspirés par la toile de Jouy
La Toile de Jouy est le premier des thèmes abordés dans notre Collection de kits de point de croix Musées et Patrimoine. Cet ensemble d'ouvrages de broderie évoque l'histoire des tissus créés et imprimés à la Manufacture Oberkampf, qui était située à Jouy-en-Josas. Toiles de Jouy dites à personnages, tissus indiennes, tissus pour l’habillement dits mignonnettes, la production fut immense et très variée. C’est d’une des toiles de Jouy exposée au musée, Les Travaux de la Manufacture, qu’est née l’idée de cette grande grille évoquant différentes étapes de la fabrication de la toile de Jouy et donnant un aperçu de la grande créativité de l’immense entrepreneur que fut Christophe Philippe Oberkampf. Tout cela est raconté au dos de la grande grille de point de croix qui représente l'ouvrage principal de cette série sur la Toile de Jouy.
Le musée de la Toile de Jouy est situé non loin de l’emplacement où se trouvait la manufacture de Christophe Philippe Oberkampf. Créé en 1977, le musée raconte l’histoire de la manufacture Oberkampf mais aussi le développement de l’indiennage en France, les techniques de fabrication, le travail des autres manufactures... Des toiles de Jouy est des indiennes y sont exposées par roulement, afin de les préserver des effets dévastateurs de la lumière. Plusieurs pièces du château de l’Églantine évoque la vie de la famille Oberkampf : la chambre de Madame Oberkampf, le bureau de Christophe Philippe Oberkampf et le salon de musique de la famille. Le musée de la toile de Jouy propose aussi des expositions temporaires, plus ou moins intéressantes selon les sujets traités.
Le savoir-faire perdu de l’impression sur étoffes
La création de la Manufacture Oberkampf à Jouy, s’inscrit dans l’immédiate levée de la prohibition des indiennes en France. Leur histoire et la prohibition dont elles firent l’objet durant plus de 70 ans est racontée en détail dans notre rubrique indiennes. Lire l’article sur l’histoire et la prohibition des indiennes. Cette interdiction de plus de sept décennies eut le résultat que l’on peut imaginer : le savoir-faire de l’impression sur étoffes était perdu. Les entrepreneurs durent donc faire appel aux indienneurs qui, à l’époque de la prohibition, s’étaient exilés vers la Suisse et l’Allemagne.
L’arrivée en France de Christophe Philippe Oberkampf
Issu d’une famille allemande luthérienne de teinturiers, Christophe Philippe Oberkampf fit son apprentissage de graveur et dessinateur à Bâle puis, à partir de 1755 rejoint Mulhouse, à cette époque petite république libre alliée à la Suisse. Il travaille durant deux ans chez Koechlin Dollfus et Cie, qui deviendra plus tard Dollfus Mieg et Cie (DMC), alors importante et réputée fabrique d’indiennes. En 1758, il reçoit la visite d’un émissaire du banquier réformé parisien Jean Cottin et accepte aussitôt la proposition qui lui est faite : il arrive à Paris quelques semaines plus tard. Rejoint par son frère cadet, Frédéric, Christophe Philippe Oberkampf quitte Cottin et prend la direction d’un atelier situé aux Gobelins, propriété d’un certain Tavannes.
L’installation de la manufacture à Jouy en Josas
En 1759, ils décident de transférer la fabrique à Jouy-en-Josas, village bordant la Bièvre, où l’eau est pure et la terre abondante. Détail qui a aussi son importance : Jouy est situé près de Versailles et de sa cour. Après de nombreuses difficultés, la manufacture se développe. En 1764, est construit, dans une grande prairie bordant la rivière, un premier bâtiment de 47 mètres de long. D’autres suivront. En 1770, justifiant de plus de dix années de résidence en France, Oberkampf et son frère son naturalisés français. La manufacture devient royale en 1783.
La manufacture d'impression sur étoffes Oberkampf à Jouy, la plus importante d’Europe
Six ans plus tard, Christophe Philippe Oberkampf est le seul propriétaire de la manufacture. En 1787, Oberkampf avait reçu du roi le titre d’écuyer et le droit d’arborer des armes et une devise : Recte et vigilanter (droiture et vigilance). Les bénéfices de la manufacture sont très importants jusqu’en 1792. Elle sera même la deuxième entreprise de France, après la manufacture de glaces Saint-Gobain. En dépit de la période troublée de la Révolution française, le Comité de salut public avait enjoint Oberkampf de continuer ses activités reconnues « utiles à la République ». De 1790 à 1805, la manufacture employait près de 1 000 ouvriers, l’encadrement étant assuré par une quinzaine de personnes. Artistes, dessinateurs, graveurs, coloristes, teinturiers forment l’élite. Les manutentionnaires assurent le stockage, les expéditions, l’étendage des toiles dans les prés ; les marqueurs et aulneurs mesurent les pièces ; les ployeurs de toile, les tourneurs de rouleaux, les brouetteurs, les charrons, les voituriers, les portiers… Durant les dix premières années de son existence, la manufacture Oberkampf produit des indiennes polychromes à motifs floraux, surtout destinés à l’habillement et à la mode. Elles sont alors imprimées à la planche de bois. À partir de 1770, apparaissent les camaïeux, toiles à plusieurs nuances d’une même couleur qui sont imprimées à la planche de cuivre. Ce sont les toiles de Jouy dites à personnages destinées à l’ameublement. Lorsque apparaît, à partir de 1797, l’impression au rouleau de cuivre, un nouveau style se dégage avec des formes géométriques ou des sujets inspirés de l’antiquité et de la mythologie. Tous ces styles coexisteront jusqu’à la fermeture de la manufacture.
L’empereur Napoléon visite la manufacture Oberkampf
En 1806, deux ans après l’avènement de l’Empire, la manufacture est médaillée d’or à l’exposition des produits de l’Industrie au Louvre. Le 20 juin de la même année, Napoléon Ier visite la manufacture et, par la même occasion, remet la légion d’honneur à Christophe Philippe Oberkampf. Cependant, la mise en place progressive de la politique du blocus continental, rend les approvisionnements difficiles et les ventes régressent. En 1815, les armées coalisées contre l’Empereur occupent Jouy : les ateliers sont fermés par crainte du pillage. C’est dans ce triste contexte que s’éteint Christophe Philippe Oberkampf, le 6 octobre.
Émile Oberkampf et Juste Barbet de Jouy
Son fils Émile lui succède, la société prenant alors le nom de « Oberkampf les héritiers » puis forme avec son cousin l’association « Oberkampf et Widmer aîné ». Quand ce dernier se suicide, Émile, de santé fragile se retrouve seul. Il contracte une association avec Jacques-Juste Barbet, issu d’une célèbre famille d’indienneurs rouennais. Maire de Jouy-enJosas durant une vingtaine d’années, il se fera appeler Barbet de Jouy. Finalement, en 1822, Émile cède la manufacture à Jacques-Juste Barbet. Malgré ses efforts, ce dernier déclare à son tour forfait. Une vingtaine d’années plus tard, les bâtiments sont livrés à un entrepreneur en démolition et ils seront peu à peu détruits. De nos jours, ne subsiste plus que la maison dite du « Pont de Pierre » (actuelle école de musique), que les frères Oberkampf avaient, début 1760, louée pour neuf ans peu après leur arrivée à Jouy.
Deux rues évoquant la toile de Jouy à Paris
Bien qu’il n’y ait jamais résidé, une rue porte le nom de Christophe Philippe Oberkampf à Paris, dans le 11ème arrondissement. Après que le village de Ménimontant fut rattaché à la ville de Paris, on donna, en 1864, le nom d’Oberkampf à cette longue rue, en hommage au fondateur de la toile de Jouy. La manufacture était pourtant fermée depuis plus de 20 ans, c’est dire la trace que son fondateur avait laissé dans les esprits… Dans le 7ème arrondissement, se trouve la rue Barbet de Jouy, elle est parallèle au boulevard des Invalides et à la rue Vaneau. Jacques-Juste Barbet de Jouy, avait pris la succession d’Émile Oberkampf à la tête de la manufacture de toiles de Jouy avant qu’elle ne ferme définitivement ses activités en 1843. Peu avant cette date, en 1836, Jacques-Juste Barbet de Jouy avait fait ouvrir une rue à son nom sur un terrain dont il était propriétaire et qu’il cèdera à la ville de Paris.
Voir la vidéo de présentation de la toile de Jouy au point de croix :